Pour accompagner durablement la souveraineté alimentaire du pays, le rôle du Fonds d’appui à la stabulation (Fondstab) est en train d’être revu.Par Alioune Badara CISS (Correspondant) – 

 Le Fonds d’appui à la stabulation (Fonstab) amorce une mutation stratégique cruciale pour le secteur de l’élevage au Sénégal. Les partenaires techniques, financiers, acteurs publics et privés se penchent, depuis hier à Saly, sur une feuille de route à l’horizon 2030. L’objectif, c’est de refonder le rôle du fonds pour accompagner durablement la souveraineté alimentaire du pays.
Créé en 2007, le Fonstab fonctionnait jusqu’ici sans plan stratégique formel. Une lacune que Fatoumata Bakhoum Diouf, administratrice du fonds, entend corriger. «Cette démarche est d’une importance capitale. Le Sénégal a entamé une transformation systémique. Il doit contribuer activement à ce changement à travers un plan de souveraineté alimentaire», affirme-t-elle.
Le ministre de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de l’élevage, Mabouba Diagne, qui présidait l’ouverture de cet atelier, salue les progrès réalisés, mais appelle à une évaluation lucide. «Parler de la Stratégie 2024-2025 est une bonne chose, mais nous devons nous interroger : qu’est-ce qui a marché ou pas ces cinq dernières années ?», lance-t-il, citant les 16 millions de poulets produits durant la Korité comme un record, en dépit de la pénurie mondiale d’œufs à couver. Il pointe toutefois des défis majeurs. «Le Fonstab a relativement bien fonctionné, mais il faut écouter les éleveurs, revoir les produits financiers proposés. Peut-être, faut-il arrêter d’en faire un fonds perdu. Utilisons-le comme levier, pas comme cadeau.»
La nouvelle orientation inclut aussi un meilleur ciblage des bénéficiaires. Dans le cadre des préparatifs de la Tabaski, le Fonstab a commencé, dès mars 2025, à connecter les demandeurs de crédit à ses partenaires financiers. «Nous avons déjà dépassé un milliard de francs Cfa en financement. L’objectif est de couvrir 200 000 têtes sur les 800 000 moutons nécessaires, avec un engagement global de 2 milliards de francs Cfa», déclare Fatoumata Bakhoum Diouf.
Les bénéficiaires directs, comme les coopératives, de­viennent des relais essentiels. «Le ciblage a été mieux contrôlé. En cas de besoin, l’Etat nous appuie pour le recouvrement», a-t-elle souligné, insistant sur la professionnalisation des circuits de financement.
Quant à Dieynaba Sidibé, présidente du Directoire national des femmes en élevage du Sénégal, elle met en lumière l’impact concret sur les femmes rurales. «Ce fonds devait être alloué aux organisations d’éleveurs pour lutter contre le sous-emploi. Nous avons lancé la «Calebasse des femmes en élevage», un mécanisme d’autofinancement qui permet aux femmes d’acquérir du bétail et de le reproduire localement.» Elle souligne l’importance du soutien aux éleveuses, souvent plus fiables dans les remboursements. «Grâce à ce fonds, nous honorons nos engagements», a-t-elle rassuré.
Le défi du financement, la structuration des chaînes de valeur, la résilience des acteurs et la souveraineté alimentaire sont désormais au cœur de la stratégie de transformation du Fonds d’appui à la stabulation.
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