Il y a quelques années, le président de la République Macky Sall avait annoncé la mise en place d’un dispositif d’aide aux entreprises en difficulté. Aujourd’hui, ce dispositif n’est toujours pas opérant. Ce que regrette le secrétaire exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes). Mor Talla Kane qui participait lundi à un atelier d’échange avec la presse sur les réformes du Doing business plaide en outre pour que les entreprises du secteur privé soient prises en compte dans ce dispositif. «Dans le pays, on ne s’intéresse qu’aux entreprises publiques comme les Industries chimiques du Sénégal (Ics) qu’on a portées à bout de bras en laissant de côté les entreprises privées», constate M. Kane. «Mais toute entreprise est d’intérêt national, ne serait-ce que par les emplois. Il est important de savoir aussi que quand une entreprise tombe, c’est un écosystème et il y a des dégâts collatéraux chez les fournisseurs, les clients, la banque sans compter les emplois perdus. Il faut que les gens aient l’habitude de voir l’entreprise autrement», plaide M. Kane. Dans son plaidoyer, Mor Talla Kane donne l’exemple des Etats-Unis d’Amérique où, après la crise de 2008, l’Etat américain est allé au secours des grandes entreprises en difficulté comme General motors. «Trop grosses pour tomber, disaient-ils. Et on a vu la même chose en France. Et nous qui avons trop peu d’entreprises déjà sauvons ce qu’on peut».
Selon le secrétaire exécutif de la Cnes, l’Etat est en fait le fossoyeur de ces entreprises. «Dans toutes les entreprises, c’est l’Etat qui est le premier actionnaire. Quand vous créez, vous payez. Quand vous fonctionnez, vous êtes gagnant vous payez, vous êtes perdant vous payez. Même quand vous êtes déficitaire, vous payez. Quelle que soit la situation, l’Etat gagne de l’argent avec l’entreprise. Donc, il doit être le premier à faire en sorte que l’entreprise survive. Mais malheureusement, on a beaucoup d’entreprises qui, comme dans la vie, trébuchent et il est important de les relever. Il est plus difficile de créer une entreprise que d’en relever une qui existe déjà.» En outre, il constate que quand une entreprise est en difficulté, les services fiscaux viennent souvent l’enfoncer en réclamant des taxes et cotisations sociales. «Il faut qu’on puisse avoir un système qui les préserve de certaines requêtes parce que l’Etat peut couler une entreprises qui n’a fait que trébucher et qui, secourue, aurait pu continuer. Souvent même, l’Etat vous doit de l’argent, mais vous demande de payer l’Institut de prévoyance retraite (Ipres), la Caisse de sécurité sociale (Css) et derrière on finit de vous enfoncer. Alors qu’on aurait pu vous sauver en mettant un cahier des charges. C’est vrai qu’il ne faut pas laisser les gens faire ce qu’ils veulent, mais il faut sauver ce qui peut l’être. Et dans une situation où il est difficile de créer des emplois, il faut au moins préserver ceux que nous avons», défend M. Kane qui suggère une autre démarche.
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