Grâce à la Fao, il y a une validation en cours des guides de bonnes pratiques pour assurer une alimentation saine dans les rues où s’alimentent de plus en plus les populations.

La restauration de rue est devenue capitale dans l’économie informelle en termes de revenus ou d’emplois. Par contre, elle est la principale source de plusieurs maladies et de décès en Afrique. Les estimations de l’Oms publiées en 2015 étaient alarmantes : «En Afrique, plus de 91 millions de personnes tombent malades chaque année, entraînant 137 000 décès, soit un tiers de la mortalité mondiale due aux maladies d’origine alimentaire», cite Makhfouss Sarr, expert sur les questions alimentaires. D’après lui, «l’Afrique perd 5, 7% à 7, 1% d’années de vie en bonne santé à cause des diarrhées d’origine alimentaire ou hydrique, contre 4, 1% dans le monde». Quid du Sénégal ? «Au Sénégal comme dans les autres pays de la sous-région, les systèmes de sécurité sanitaire des aliments font face à de nombreux défis. Les maladies d’origine alimentaire sont récurrentes et pèsent lourdement sur les systèmes de santé déjà fragiles», souligne M. Sarr. A l’en croire, «ces maladies constituent un frein non négligeable pour le développement socio-économique en augmentant le coût de la santé et en affectant l’essor du commerce, du tourisme».

D’après toujours lui, «ce contexte difficile est accentué par le constat de l’analyse de la capacité de surveillance des chaînes alimentaires et des réseaux d’alerte rapide utilisés ou applicables dans les huit pays de la région de l’Uemoa, effectuée en 2016 par la Fao, qui avait montré une insuffisance notable du système de surveillance de la chaîne alimentaire au niveau des pays ouest-africains».

A travers le diagnostic fait, il a été mis en gras «l’inefficience des systèmes d’inspection et de maîtrise des risques d’origine alimentaire, l’inadéquation des textes réglementaires par rapport aux risques émergents, la prolifération des aliments vendus sur la voie publique sans contrôle, l’insuffisance d’information et de sensibilisation des consommateurs, ainsi que la mondialisation des échanges». Et pour améliorer la qualité de l’alimentation, un atelier sur la restauration de rue a été organisé dans le cadre du projet de validation des guides de bonnes pratiques de contrôle officiel, financé par le Grand-Duché de Luxembourg et mis en œuvre par la Fao. En fait, il va permettre de valider les documents de référence pour la réalisation du contrôle officiel et de disposer de manuels de bonnes pratiques d’hygiène et d’autocontrôle pour la restauration de rue au Sénégal. Il s’agit «du Guide des bonnes pratiques de contrôle officiel, du Guide de bonnes pratiques d’hygiène et d’autocontrôle à l’usage des acteurs de la restauration de rue», indique Pr Amadou Diouf, président du Comité national de collecte alimentaire. Selon lui, «ces guides sont le fruit d’un travail collectif, rigoureux, contextualisé et surtout participatif».

En écho, Makhfouss Sarr souligne que cette production des guides a été précédée par le diagnostic sans complaisance de la situation de la sécurité sanitaire des aliments de rue qui a permis une bonne connaissance du contexte hygiénique difficile de ce secteur. Les acteurs pensent que ces documents permettront ainsi aux parties prenantes «de mieux s’acquitter de leur responsabilité pour améliorer significativement ces aliments très largement consommés au Sénégal».

Evidemment, la prévention efficace et durable de ces maladies est essentielle pour améliorer la santé publique, la sécurité alimentaire et nutritionnelle et les résultats commerciaux des produits agroalimentaires.
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