Le Ptip 2018-2020 a été adopté par l’Assemblée nationale hier. Portant sur un montant de 6257,843 milliards, il enregistre une progression de 1466, 843 milliards de francs Cfa équivalent à une augmentation de 30,6% par rapport au Ptip 2017-2019. Le financement du Train express régional (Ter) est beaucoup revenu dans les interpellations des députés au ministre de l’Economie et des finances. Pour le président du groupe des Libéraux, Me Madicke Niang, il y a quand même une certaine «opacité», puisque de 568 milliards dont on parlait au démarrage du projet, on est passé à 700 milliards dans les rapports financiers avant qu’un ministre de la République n’avance le chiffre de 800 milliards, il y a quelques jours dans une radio de la place. «Où se trouve la vérité ?», interroge Me Niang. Pour le ministre, «il faut faire confiance aux fonctionnaires qui élaborent ces chiffres». Il explique ainsi que le Ter a été financé de la même manière que le stade de l’amitié et l’hôpital Dalal diam. Le ministre ne s’est d’ailleurs pas privé dans ses réponses d’attaquer l’opposition. «Notre problème, c’est le manque d’ambition de certains responsables de l’opposition. Pourquoi le Sénégal ne doit pas avoir un train électrique ? Quand il a fallu construire l’autoroute, il y a eu beaucoup de débats dans l’Administration. J’étais là et beaucoup d’entre nous n’étaient pas d’accord pour que l’autoroute soit à péage. L’histoire a jugé, l’autoroute était à faire, tout comme le Ter doit être fait. Et il doit être fait aux meilleurs standards. Nous n’avons pas besoin d’un train d’occasion. Et vu la facilité avec laquelle le financement a été mobilisé, cela montre que le projet est rentable. La Banque islamique de développement (Bid), la Banque africaine de développement (Bad), l’Agence française de développement (Afd), et le Trésor français n’ont pas jeté leur argent. Ce sont tous des triples A», martèle le ministre de l’Economie, des finances et du plan. «Le Sénégal est crédible», dit-il.
Selon Me Madicke Niang, le Ptip ne respecte pas le principe de sincérité. «Vous allez investir 2 500 milliards en 2019 et en 2020. Où allez-vous trouver les ressources ? Une telle projection ne se justifie point», estime le libéral. Ce que réfute Amadou Ba, qui souligne qu’au contraire, «cela est tout à fait réaliste». «Elle est même en deçà de nos capacités», dit-il, puisque le taux de croissance du pays est en passe de dépasser les 7% et que la mobilisation des recettes internes va s’améliorer.

1348,295 milliards pour Dakar
Le Ptip qui ne convainc pas les députés de l’opposition butte également, sur l’écueil de la répartition territoriale des 715 projets et programmes qui le composent. Nombre de députés estiment en effet, que le Ptip fait la part belle à la région de Dakar qui reçoit 21,8 % des ressources, soit une enveloppe globale de 1348,295 milliards de francs Cfa. «23% de la population du Sénégal sont à Dakar. Si la région obtient 21% des ressources, c’est logique», répond l’argentier. Il précise qu’il ne s’agit pas là d’une discrimination et donne l’exemple de Kédougou qui, avec 1% de la population, reçoit 4% des investissements, tandis que Thiès avec 13% de la population n’en a reçu que 6% des investissements. «Le critère de la population n’est pas toujours pertinent», explique le ministre, qui met en avant la volonté des autorités de privilégier la transparence dans leurs activités. Il souligne en outre, que Dakar est en compétition avec de grandes capitales comme Casa ou Abidjan.
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