Les financements de la lutte contre l’émigration clandestine sont en train de devenir un sujet d’intérêt national. Après la sortie de l’Ue, qui a «investi» 180 milliards dans 18 projets au Sénégal, Macky Sall a demandé la publication d’un mémorandum du gouvernement sur la politique et les projets mis en œuvre, ainsi que les ressources mobilisées jusqu’ici.

Depuis l’emprisonnement de Boubacar Sèye, le débat sur l’argent investi dans la lutte contre l’émigration clandestine est devenu vif. Après l’Union européenne, l’Etat a aussi décidé de jeter un regard sur les financements des projets des migrants irréguliers de retour. Est-ce pour les besoins de transparence ? En Conseil des ministres hier, le Président Sall a demandé au ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, «de préparer, en relation avec les ministères impliqués, un mémorandum du gouvernement du Sénégal sur la politique et les projets mis en œuvre, ainsi que les ressources mobilisées dans le cadre, d’une part, de la lutte contre l’émigration clandestine et, d’autre part, de la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes». C’est une réponse claire aux accusations du président de l’Ong Horizon sans frontières, placé sous mandat de dépôt pour diffusion de fausses nouvelles.
Aujourd’hui, le Président Sall essaie d’apporter une réponse aux questions soulevées dans la gestion des financements al­loués au Sénégal par ses partenaires au développement. Mais, il faut souligner une chose, qui semble claire : la gestion de l’argent investi dans la lutte contre l’émigration illégale est souvent entourée d’opacité. Ou en tout cas, il n’y a jamais un travail de reddition des comptes.
Dans un exercice de transparence inédit, l’Union européenne a expliqué que son Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (Ffu) a permis de financer 18 programmes, dont 10 nationaux et 8 régionaux pour un montant total de 198 millions d’euros (près de 130 milliards F Cfa) depuis 2016. Lequel encourage «la formation et l’insertion professionnelles des jeunes, soutient la création de chaînes de valeur, l’amélioration de la compétitivité des entreprises, et favorise la mobilisation des ressources de la Diaspora pour contribuer au développement économique et social du Séné­gal».
Cette révélation de l’Ue a été faite quelques jours après la publication d’un Rapport de l’étude-bilan sur les projets et programmes migratoires au Sénégal de 2005 à 2019 commandée par la Fondation Heinrich Böll Sénégal qui dit que plus de 200 milliards de francs Cfa (environ 305 millions d’euros) ont été investis dans le domaine de la migration entre 2005 et 2019.
Mais, les résultats sont mitigés, car des jeunes sénégalais n’ont pas renoncé à leur rêve de rallier l’Europe au péril de leur vie. Il y a quelques mois, des milliers d’entre eux ont rejoint les îles Canaries via des pirogues de fortune plongeant de nombreuses familles dans le deuil.