Finances – Politique monétaire des banques centrales : L’intégration des risques climatiques, une nécessité

Les banques centrales sont appelées à s’adapter aux défis et enjeux liés au changement climatique. En ce sens, l’Institut supérieur de finance (Isf), en collaboration avec l’Académie du développement durable (A2d), a lancé la réflexion hier, à travers un colloque international sur le thème : «Mitigation de l’exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques : enjeux et orientations pour les banques centrales.»Par Dialigué FAYE –
«Mitigation de l’exposition du secteur bancaire et financier aux risques climatiques : enjeux et orientations pour les banques centrales», c’est le thème de la troisième édition du colloque international que l’Institut supérieur de finance (Isf), en collaboration avec l’Académie du développement durable (A2d), organise depuis hier à Dakar.
«L’un de nos objectifs à travers l’organisation de ce colloque, c’est de contribuer à une vaste réflexion académique autour des enjeux et orientations que pourraient engendrer le changement climatique ainsi que ses conséquences sur le système bancaire et financier sous-régional», a indiqué le Directeur général de l’Isf. Papa Diallo explique : «Les défis et enjeux liés au changement climatique sont considérables. Ils interpellent chacun d’entre nous et nécessitent l’intégration des risques climatiques dans la conduite de la politique monétaire des banques centrales.
Surtout après le Sommet africain du climat à Nairobi, tenu en début septembre 2023, qui avait pour objectif de dégager une vision africaine commune sur le développement et le climat ; après les Assemblées générales du Fmi et de la Banque mondiale, qui ont largement souligné le besoin d’évolution des modes opératoires des institutions multilatérales, tout autant que les besoins de financement de l’Afrique en lien avec le changement climatique ; et avant la Cop28 à Dubaï en fin novembre 2023».
«Les banques doivent s’adapter»
Dans ce contexte, estime l’expert financier, «parler de l’évolution du rôle des banques centrales dans l’accompagnement des Etats face aux défis climatiques, et de l’impact qui en découle sur la sphère financière, nous paraît un sujet d’actualité de toute première importance sur le continent africain».
Au-delà des impacts sur le plan environnemental, les participants à ce colloque considèrent que le secteur bancaire et financier ne sera pas en reste. Ibrahima Sarr, ancien ministre du Budget sous Wade, rappelle : «Le rôle des banques centrales, c’est d’abord de superviser les activités monétaires, de gérer la liquidité bancaire à travers l’offre de monnaie, mais surtout la stabilité des prix, qui est une préoccupation actuelle, et la croissance. Toutes ces missions ont commencé à être affectées. Par conséquent, les banques centrales doivent maintenant s’adapter.»
Le changement climatique représente une transformation rapide et majeure, porteuse de risques et d’opportunités pour les institutions financières du monde entier. Pour répondre à ces défis, renseigne Mor Diouf du ministère des Finances et du budget, «les autorités sénégalaises ont adopté des mesures de riposte pour endiguer ce nouveau phénomène d’une part, et protéger les populations vulnérables, les entreprises et les institutions financières d’autre part».
Malgré tous ces efforts déployés, souligne Ibrahima Sarr, «nous sommes interpellés par l’accélération du changement climatique. Le phénomène commence à affecter la vie».
Sur ce point, l’ex-Directrice générale de Moody’s France ajoute que «le changement climatique entraîne des sinistres économiques, des coûts faramineux». Pour preuve, Catherine Gerst pointe «la sécheresse en Argentine qui a coûté 3% du Pib, les inondations au Pakistan qui ont coûté 8% du Pib, les incendies au Canada et en Grèce». D’ores et déjà, indique Mme Gerst, «il y a des coûts extraordinaires pour les économies, qui entraînent des augmentations par ailleurs des denrées alimentaires et qui contribuent à l’inflation dans différentes zones du monde.
On sait que les banques centrales, parmi leurs mandats, il y a la stabilité monétaire. Donc, tout naturellement, il y a une implication des banques centrales dans la réflexion sur quel est l’impact du changement climatique sur la stabilité monétaire des zones dans lesquelles elles opèrent».
L’Ifs entend ainsi, à travers ce colloque de deux jours, apporter sa contribution académique aux réflexions et travaux des gouvernements d’Afrique de l’Ouest auxquels incombe la responsabilité première en matière de politique climatique.
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