Le prévenu Emmanuel Correa risque 2 ans d’emprisonnement dont 6 mois ferme pour les délits d’exercice illégal de la profession de médecin et d’escroquerie. Le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar a mis hier, l’affaire en délibéré jeudi.
Emmanuel Correa risque la peine de 2 ans dont 6 mois de prison ferme pour les délits d’exercice illégal de la profession de médecin et d’escroquerie. Il a été attrait hier, devant le juge des flagrants délits du Tribunal de grande instance de Dakar. A la barre, il s’est présenté comme un pharmacien biologiste issu de la promo 2009 de l’Ucad et chef de laboratoire à l’hôpital Nabil Choucair avant son départ de l’établissement sanitaire. Alors que le témoin, le docteur Dem, a avoué qu’il s’est présenté à lui comme un gynécologue. «Quand avez-vous pris service à Nabil Choucair ? Et combien de temps avez-vous passé là-bas ?», lui demande Me Abdoulaye Tall, avocat de la partie civile. «Je ne me rappelle pas ma date de prise de service, ni le temps passé», répond-il.
Face aux tergiversations du prévenu, le représentant du ministère public n’a pas manqué d’émettre des doutes sur l’identité réelle du sieur Correa. «Moi, je doute fort de ta qualité de professionnel de la santé. Je suis convaincu que tout ce que vous racontez ici, ce ne sont que des balivernes», fulmine le procureur.
«Vous croyez être plus intelligent que nous qui sommes tous là. Je suis convaincu que vous êtes un menteur. On va vérifier tout ce que tu racontes», assène un des assesseurs du juge. En effet, le prévenu a connu le plaignant par l’intermédiaire d’un certain docteur Dem. Marié à deux épouses, Saliou Samb, originaire de Touba, n’a pas eu d’enfants avec ses campagnes. Alors dans le souci de soigner ce mal, il s’est ouvert au docteur Dem dans le but de voir un spécialiste pour d’éventuels soins. C’est ainsi que Dr Dem l’a mis en rapport avec Emmanuel Correa qui s’était auparavant présenté au médecin comme étant un gynécologue. Le prévenu fixe alors le coût global des soins à la somme de 3 millions de francs Cfa. Selon M Samb, il a eu à verser un acompte de 2 millions 500 mille à M. Correa.
Il dit avoir envoyé via Wari les sommes de 700 et 800 mille francs Cfa et d’autres remises en liquide. Devant les juges, le prévenu reconnaît juste les envois. Il dit les avoir versés à la caisse de la clinique où les soins auraient été prodigués. Curieusement, il dit ignorer le nom de cette clinique. «Nous sommes en face d’un manipulateur qui essaye de tromper son monde. Le prévenu est un mystificateur», dixit le maître des poursuites. Selon lui, le mis en cause a posé des actes que seul un médecin est habilité à faire. Et d’après le représentant du Parquet, «c’est l’utilisation de la fausse qualité qui a déterminé la remise des montants». Pour lui, tous les délits sont établis. Deux ans de prison dont 6 mois ferme et une amende 100 mille francs Cfa ont été requis contre le prévenu.
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la partie civile, Me Abdoulaye Tall, a laissé entendre que «l’escroquerie est établie. Parce qu’il s’est présenté comme médecin alors qu’il ne l’est pas». Selon toujours la robe noire, le délit d’exercice illégal de la médecine est aussi établi. «C’est un prévenu d’une mauvaise foi terrible. Il nous prend pour des demeurés. On a un prévenu assez particulier.» D’après Me Tall, son client a été atteint dans sa chair. Et pour toutes causes et préjudices subis, il a réclamé la somme de 5 millions de francs Cfa à titre de dommages et intérêts. Mais pour la défense, «même s’il a fait une analyse de sperme, le délit d’exercice illégal de la médecine doit être écarté. Ce délit-là n’existe pas. Parce qu’il n’a jamais prescrit d’ordonnance. Relaxez-le purement et simplement». D’après l’un des avocats de la défense, le délit d’escroquerie est «discutable» dans cette affaire. Car, «c’est un simple mensonge qui aura déterminé la remise». Une application extrêmement bienveillante de la loi pénale au prévenu a été sollicitée. L’affaire a été mise en délibéré à jeudi.
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