Habib Sy reconnaît  la complexité de l’exercice du pouvoir en s’exprimant sur la gestion du pays par le tandem Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko. «Gérer un Etat est extrêmement difficile. Dans l’opposition, on propose un programme, mais au pouvoir, on fait face à une réalité différente : manque de moyens, budget déséquilibré, forte pression sociale. Ce n’est pas une question de baguette magique», explique Habib Sy lors de l’émission «Jury du Dimanche» sur iRadio dont il était l’invité.

Pour lui, gouverner exige de surmonter des contraintes budgétaires majeures. «Mettre en œuvre un programme nécessite des fonds. Quand l’Etat manque d’argent, il faut innover, trouver des financements alternatifs et avancer par étape», soutient-il. En outre, Habib Sy ne sent pas encore la réduction du train de vie de l’Etat. «Franchement, je ne le ressens pas encore suffisamment. Il y a des niches dans le budget, notamment dans le fonctionnement, qui pourraient être mieux exploitées pour envoyer un signal fort. Le parc automobile, les fonds spéciaux… Il faut que le Peuple voie une baisse drastique du train de vie de l’Etat.» Il confie avoir partagé cette observation avec les dirigeants, bien que les discussions stratégiques soient moins fréquentes depuis leur arrivée au pouvoir. Il a appelé à des efforts plus audacieux pour réduire le train de vie de l’Etat. «Gouverner n’est pas un tour de magie.» Habib Sy a insisté sur la difficulté de passer de l’opposition au pouvoir.

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Il reconnaît toutefois que le pouvoir actuel innove dans certains domaines comme la reddition des comptes, la gestion de l’Administration, la réduction du nombre de ministères. Il émet tout de même des réserves sur cette dernière mesure. «J’ai toujours dit qu’un ministre trop chargé devient inefficace. Moi-même, à l’époque, j’avais trop de portefeuilles. Résultat, on finit en burn-out. Il faut doser pour garantir l’efficacité», recommande-t-il.

«Je n’ai jamais sollicité de poste»
Fidèle à Pastef, Habib Sy rappelle son implication sans faille lors des moments critiques du parti, en soulignant son engagement et ses relations avec le Pm Ousmane Sonko. «Quand le parti Pastef a été dissous, ma maison à Keur Gorgui est devenue son siège officieux. Tous les points de presse, réunions et investitures s’y sont tenus. J’ai exposé ma famille et pris des risques réels», rapporte Habib Sy, qui affirme avoir consenti  davantage de sacrifies pour Pastef que pour son ancien parti, le Pds. «Malgré la maladie, j’ai manifesté, reçu des bombes lacrymogènes. Mon seul souci était d’éviter l’arrestation. Par dignité, je n’aurais jamais demandé à Macky Sall de me libérer», fait-il savoir. Dans la même foulée, Habib Sy a clarifié ses ambitions. «Je n’ai jamais sollicité de poste, encore moins celui de ministre. Ce rôle de Pca m’a presque été imposé. Je n’ai rien demandé, et je ne veux pas être ministre. Je suis utile là où je suis.» A la tête de la Senelec, il dit s’épanouir dans un rôle exigeant. «L’énergie, la fiscalité, la trésorerie, la stratégie, c’est passionnant. Un Pca travaille. J’ai un bureau, j’y suis régulièrement», argue-t-il. «J’ai accompagné ces jeunes dans la lutte. Notre lien repose sur la confiance et le respect», enchaîne M. Sy. Une manière de mettre en lumière sa relation de confiance avec les leaders de Pastef.
Par Amadou MBODJI – ambodji@lequotidien.sn