Pour accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et du Marché unique du transport aérien africain (Mutaa), l’Institut africain de développement économique et de planification (Idep) et des ambassadeurs résidant au Sénégal invitent les acteurs à faire preuve de plus d’engagement pour lever les barrières.Par Khady SONKO – 

L’Institut africain de développement économique et de planification (Idep), en collaboration avec les ambassadeurs du groupe africain du corps diplomatique accrédité au Sénégal, a organisé, mercredi dernier, une table ronde sur le thème : «Etat des lieux, défis et perspectives de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et le Marché unique du transport aérien en Afrique (Mutaa).»
En effet, justifie Karima Bounemra Ben Soltane, directrice de l’Idep, «la Zlecaf et le Mutaa sont liés et se renforcent mutuellement. La Zlecaf a pour objectifs spécifiques, entre autres, de contribuer à la circulation des capitaux et des personnes, et de faciliter les investissements. Un fonctionnement efficace du Mutaa, quant à lui, permettrait aux habitants de la région de gagner en confort et en choix de compagnies aériennes, d’opportunités d’affaires, de réduire les temps de vol et de renforcer les liens culturels par le développement progressif du tourisme d’affaires et de loisirs». Mais, pour une mise en œuvre réussie de la Zlecaf, la coordonnatrice-résidente du Système des Nations unies au Sénégal, Aminata Maïga, plaide pour «une coordination étroite entre les Nations unies, l’Union africaine et les pays, afin de garantir des politiques commerciales bénéfiques et durables. Les Nations unies continueront à se tenir aux côtés des peuples, des nations et des organisations régionales et continentales pour construire une Afrique prospère».
«Il est inimaginable qu’on continue à avoir ces grandes difficultés pour passer d’une capitale à une autre en Afrique. Il y a un travail extraordinaire qui est fait à l’Union africaine et il serait temps que les diplomates s’approprient la Zlecaf et le Mutaa, deux problématiques étroitement liées et fondamentales pour notre continent», a relevé Michel Régis Onanga Mamadou Ndiaye, ambassadeur de la République du Gabon, Doyen du groupe africain des ambassadeurs au Sénégal.
Pour le Secrétaire général de la Zone de libre-échange, la Zlecaf offre des opportunités vers la création d’un marché unique en Afrique, malgré les obstacles. «Nous avons établi trois protocoles sur l’investissement, la concurrence et la propriété intellectuelle qui sont des piliers dans la mise en œuvre, et tout cela ne serait pas possible sans les partenaires qui se sont engagés à appuyer la Zlecaf afin que nous allions au-delà des accords commerciaux», a déclaré Wamkele Mene.
A l’issue des échanges, les ambassadeurs ont appelé les pays à faire preuve de plus d’engagement pour lever les barrières existantes dans la mise en œuvre des deux projets. Une approche régionale est nécessaire pour sensibiliser et soutenir les Etats non performants.
La Zlecaf et le Mutaa sont deux des projets phares de l’Agenda 2063 et s’inscrivent dans la perspective historique du Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine. L’accord de la Zlecaf est entré en vigueur en 2019 et la mise en œuvre a commencé en 2021. Tandis que la Déclaration sur la création d’un Mutaa a été adoptée en janvier 2015 et le lancement officiel effectué en janvier 2018.
L’objectif de la Zlecaf est de créer un marché continental unique pour les biens et services, avec une libre circulation des personnes et des opportunités d’investissements, tout en améliorant la compétitivité et en soutenant la transformation économique. La Zlecaf représente une avancée effective en matière d’intégration régionale, d’industrialisation, de développement des échanges commerciaux et de transformation structurelle dans le continent.
Selon des estimations récentes de la Commission économique pour l’Afrique (Cea) des Nations unies, la Zlecaf devrait accroître le commerce intra-africain de services de transport de près de 50%. En valeurs absolues, il est indiqué qu’avec une Zlecaf, plus de 25% des gains commerciaux africains dans le domaine des services du commerce intra-africain iraient uniquement au transport, et près de 40% de l’augmentation de la production de services en Afrique concerneraient les transports. A l’instar de la Zlecaf, le Mutaa regorgerait de plusieurs avantages à même de renforcer la connectivité entre les Etats et entre les régions. Selon l’Association du transport aérien international (Iata), à ce jour, 34 pays ont adhéré au Mutaa, représentant 80% du marché de l’aviation existant en Afrique.
En plus de l’augmentation prévue des fréquences à hauteur de 27% sur les routes aériennes existantes, le Mutaa permettrait par ailleurs la réalisation d’économies d’échelle d’environ 500 millions de dollars en tarifs passagers, la libre concurrence, l’ouverture de nouvelles liaisons commerciales et la protection de l’environnement, et le développement du secteur privé de l’aviation civile.
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