Pour apporter des solutions efficaces aux problèmes du sous-secteur du transport interurbain, deux jeunes Sénégalais ont créé l’application de covoiturage «Yobbalema». Lancée hier à Thiès, elle vise à mettre en relation des conducteurs et des passagers ayant la même destination.
Par Ndèye Fatou NIANG
(Correspondante)
Le covoiturage, un nouveau type de transport interurbain, va de plus en plus vers la formalisation avec le lancement, à Thiès, d’une application dénommée Yobbalema. Créée par une start-up Lab factory business (Lfb), elle permet de mettre en relation des passagers et des conducteurs allant dans la même direction, explique Djibril Sarr, un des promoteurs. Il estime que la nouvelle plateforme permet d’amoindrir les frais de voyage, de lutter contre les embouteillages et la pollution, entre autres. «L’application est configurée de deux types de covoiturage. Il s’agit du covoiturage ‘’courte distance’’ – par exemple on quitte Almadies pour aller à Yoff – et le covoiturage ‘’longue distance’’, qui rallie Dakar à Touba», dit M. Sarr. Une notion de partage des frais, selon l’expert en système d’information décisionnelle et en big data, qui permet aux conducteurs de ne pas rouler à vide et aux usagers de contrôler leur temps sur les embouteillages. Ce qui contribue, aux yeux de Djibril Sarr, «à ce qu’on appelle l’éco responsable, c’est-à-dire le développement durable parce qu’il y a beaucoup de pollution». Une innovation, inspirée des sociétés de covoiturage qui existent à travers le monde, qui impose aux conducteurs certains critères à respecter, notamment de disposer d’un permis de conduire et d’une assurance valide, mais aussi le respect des chartes préétablies et définies par la start-up, conforme à la législation, explique M. Sarr. Lequel renseigne avoir travaillé avec son collaborateur pendant 10 ans sur l’application. «Elle est une alternative aux difficultés de congestion routière et une contribution à la mobilité urbaine au Sénégal», dit-il.
A la question de savoir comment compte-t-il travailler alors que le covoiturage n’est pas prévu par la législation sénégalaise parce que considéré comme un transport illégal pour le moment, il répond : «On y travaille. Dans chaque pays où ce type d’innovation est mis en œuvre, il y a des législations qui vont aller en ce sens.» A ce sujet, son collaborateur Babacar Guèye signale qu’il y a un dispositif qui est en train d’être préparé : «Il y a un projet de loi sur la construction des start-ups et je pense que ce problème sera pris en charge et réglé.» Il ajoute : «Quand on parle d’économie numérique, on a tendance a aussi dire la technologie de rupture. A partir de ce dispositif, si le projet de loi est entériné, je pense que le problème de covoiturage au Sénégal sera encadré et nous pourrons y aller avec tous les dispositifs nécessaires.» En effet, ce nouveau type de transport interurbain, considéré comme irrégulier par les autorités, avait valu la prison avec sursis à une quinzaine de chauffeurs de véhicule appelés «Allô Dakar» et «Allô Mbour». Lesquels ont été arrêtés en mai 2019 à Thiès pour exercice illégal de transport. Et pour faire des démarches pour que leur activité soit reconnue par l’Etat, le Collectif national des usagers pour l’encadrement et la légalisation du covoiturage au Sénégal (Cuelec) a été ainsi créé dans la Cité du Rail. Laquelle structure regroupe quelque 1 200 chauffeurs. Selon le président dudit collectif, Ablaye Ndiaye, qui a pris part à la cérémonie de lancement de l’application de covoiturage Yobbalema, cette nouvelle plateforme est une «innovation majeure». Aussi, il invite l’Etat «à accompagner la nouvelle application qui répond à une réelle demande de la clientèle pour un transport rapide et confortable». Egalement, dit-il, «c’est une première au Sénégal et elle arrive dans un contexte où les chauffeurs de ‘’Allo Dakar’’ continuent d’être pourchassés par la police pour transport irrégulier».