Le discours maladroit de Al Aminou Lô qui enfonce Cheikh Diba et Abdourahmane Sarr

Il ne serait pas pertinent de dire que l’économie sénégalaise est complètement déréglée. Lors de la sortie du gouvernement, après la publication du fameux rapport de la Cour des comptes, le Secrétaire général du gouvernement, Al Aminou Lô, a eu la maladresse de vouloir défendre le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, qui était le directeur de la Programmation budgétaire sous le régime de Macky Sall, ainsi que le ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, Abdourahmane Sarr -et on ne sait d’ailleurs pourquoi il a cité ce dernier-, en oubliant son propre cas, lui qui a été Directeur national de la Bceao à cette période. Al Aminou a par la suite défendu qu’il était dans le système mais qu’il ignorait comment les choses fonctionnent. Même s’il a par la suite reconnu qu’il était au courant de la falsification des chiffres de la dette, et qu’il n’avait pas tardé à alerter les autorités à travers des lettres qu’il a envoyées au ministère des Finances.
Le Secrétaire général du gouvernement avait aussi soutenu que Cheikh Diba et Abdourahmane Sarr n’étaient pas au courant de ce que le régime actuel considère comme un braquage financier au sommet de l’Etat. Mais nous préférons nous arrêter sur le cas Cheikh Diba, pour dire que tant que ce haut cadre de l’administration, qui était important dans le dispositif de l’ancien régime, restera à son poste, cela voudra simplement dire qu’il y a encore à dire dans cette affaire. Et soit l’actuel ministre des Finances Cheikh Diba sait très bien qu’il y a des zones d’ombre dans ce rapport et il a préféré se taire pour des raisons qui lui sont propres, soit c’est l’actuel régime qui est contraint de négocier avec lui pour des raisons que nous ignorons pour l’instant.
On peut également se demander comment le régime sortant avait fait pour maquiller les chiffres, et en même temps dribbler les agents expérimentés des banques et institutions financières internationales comme la Bceao, l’Uemoa et Fmi ? On ne peut alors exclure, si bien sûr ces informations sont avérées, la complicité tacite de tous ces organismes financiers et leurs experts qui ont été délégués à Dakar pour suivre de près ce qui se passe dans les finances de ce pays.
A commencer par le chef de mission du Fmi au Sénégal, Gemayel Edward, qui a toujours loué la qualité de la signature du Sénégal, en défendant que la dette du Sénégal est toujours soutenable. A part les recommandations qui ont été faites par ce dernier, et qui portent sur la suppression des subventions, que le Président Macky Sall avait mises en œuvre dans le cadre de sa politique sociale ou pour favoriser l’attractivité des activités économiques dont les 300 milliards pour le carburant, l’électricité et le gaz pour permettre aux consommateurs de mieux supporter le coût de la vie, 157 milliards de renonciation aux recettes fiscales pour appuyer les investissements directs nationaux et internationaux, 120 milliards pour la revalorisation des salaires des enseignants et des agents publics de l’Etat, 43 milliards de transfert d’argent pour venir en aide aux 543 000 familles qui supportent mal le coût de la vie, Gemayel n’a jamais souligné les graves accusations qui sont brandies par le régime actuel. Et là également de deux choses l’une : soit le Fmi a été dans un silence coupable avec l’ancien régime, soit c’est la certification de cette institution financière internationale qui pose problème. On peut en dire autant de ces agences de notation comme Moody’s et Mo Ibrahim, qui étaient promptes à accorder un certificat de satisfecit à l’Etat du Sénégal.
Maintenant, après avoir entendu les développements qui ont été faits sur le rapport de la Cour des comptes, on était également surpris d’entendre le ministre Abdourahmane Sarr dire, le plus simplement du monde, que la dette est bien structurée et soutenable, à l’instar du ministre des Finances Cheikh Diba qui a annoncé des réformes budgétaires et une modernisation de la gestion des finances publiques, comme ce qui se fait d’habitude, et le plus normalement du monde.
On ne comprend pas alors le pourquoi de tout ce bruit autour de ce rapport, si on se fie à ces deux déclarations qui semblent mettre un bémol sur la gravité de la situation telle que décrite par les autorités de ce pays.
Le régime actuel fait tout pour nous faire croire que le pays est dans un catastrophisme économique. Et quand on a entendu le président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, dire : «ils nous devancent chez nos partenaires pour nous étouffer», alors là on s’est dit que le Pastef n’est pas loin de brandir la théorie du complot pour se dédouaner auprès des populations, à qui ils avaient promis monts et merveilles lorsqu’ils étaient dans l’opposition.
Pastef, qui est venu au pouvoir par un rêve, est tenu de gouverner par le diktat de la réalité ! Qui disait qu’en politique les promesses n’engagent que ceux qui y croient ?
Babacar Papis SAMBA
La Pensée complexe