Depuis neuf ans maintenant, Dakar accueille en décembre un évènement culturel très attendu, le Partcours. Initié par des amoureux de l’art, l’évènement met en synergie plusieurs lieux culturels et donne de la visibilité à leurs artistes. Malgré le Covid 19, la 9e édition du Partcours a vécu, mais l’essentiel des expositions va se poursuivre encore pendant quelques semaines. La 9e édition du Partcours s’est tenue à Dakar du 27 novembre au 13 décembre. Quel bilan pour cette édition qui s’est déroulée en période de Covid-19 ?

Le bilan est largement positif. Nous avons eu un vrai parcours d’art dans les espaces, avec plein de nouvelles propositions. Le public a été enthousiaste de pouvoir renouer avec un évènement artistique. Les acteurs culturels aussi étaient satisfaits de présenter à nouveau leur travail. Il faut dire que nous avons eu la chance de pouvoir tenir l’évènement, nous l’avions bien préparé et l’absence d’occasions culturelles depuis un long moment a joué en notre faveur.

Vous aviez déjà organisé une édition spéciale il y a quelques mois pour faire revivre les arts dans la capitale. Et à nouveau le Partcours. Pourquoi ?
Ce que nous avons fait en mai, c’était comme un cri d’alerte, de réveil. Pour dire que nous ne sommes pas réduits au silence par les évènements, mais bien en éveil et actif, et qu’on pouvait suivre notre travail, bien sûr avec toutes les précautions et mesures. C’est bien ce que le Partcours a affirmé dans cette 9e édition. Et ce que nous allons dire à nouveau maintenant, car notre travail continue, les expositions sont encore ouvertes. Elles sont visibles et visitables dans le respect absolu des normes sanitaires.

En termes de participation, le Partcours grandit et de plus en plus de lieux culturels veulent y participer. Comment faites-vous la sélection ?
Il y a un groupe d’espaces qui sont là depuis le début de la manifestation, en 2012. D’autres ont été cooptés dans les éditions suivantes. C’est dans un collectif que les décisions sont prises, en tenant compte du sérieux et de l’intérêt des propositions. Et on considère aussi la difficulté à gérer un nombre illimité de lieux.

Il y a eu cette année d’importantes galeries qui y ont participé. Le Partcours n’est donc pas seulement destiné à faire connaître les petites galeries ?
La vocation du Partcours est de souligner la diversité et la vitalité des espaces à vocation culturelle : on peut y trouver des galeries autant que des lieux qui travaillent pour l’art sans un intérêt commercial. Il y a aussi des lieux institutionnels comme les centres culturels. L’important pour nous est que tous ces acteurs vivent de manière continue de l’art et pour l’art. C’est bien ça la différence avec le «off» de la Biennale, où qui veut peut avoir aussi, de manière occasionnelle, une proposition artistique.

De plus en plus d’artistes internationaux veulent être exposés au Partcours. Recevez-vous des sollicitations des grands rendez-vous artistiques du monde ?
Tout d’abord, il faut souligner que le Partcours ne présente pas directement des artistes, mais des lieux. Ces sont les lieux qui individuellement choisissent et proposent les artistes. Puis, il faut dire que le rayonnement est local, on parle de la ville de Dakar. N’empêche que, comme vous dites, les galeries présentent des œuvres qui viennent d’ailleurs et que la renommée du Partcours commence à s’étendre. Nous avons effectivement eu des contacts avec 1 : 54 de Marrakech, la plus grande foire d’art africain, avec des importantes revues du secteur, des galeristes qui ont fait le déplacement. Mais notre intention est de stimuler et éduquer la scène locale.

Sur le plan financier, est-ce un évènement rentable ? Quelle bilan financier et est-ce que les galeries en sortent plus stables financièrement ?
Le Partcours est une association à but non lucratif. Son budget est uniquement destiné à l’organisation et à la communication. Pour cela, nous recevons un support de nos mécènes qui sont Eiffage, le ministère de la Culture, le Goethe institut et l’Institut français. Après, chaque espace est indépendant dans le choix artistique et son fonctionnement budgétaire. Donc les résultats de chacun peuvent être très différents. Mais je pense qu’en général chacun a son intérêt à être et rester dans le Partcours.

Quelles sont les perspectives pour les prochaines années ?
La prochaine édition sera la dixième. Un bel anniversaire pour une manifestation qui avait commencé par un tout petit évènement en 2012. Mais nous ne cherchons pas des autocélébrations. Ce qui nous intéresse, c’est le développement de la culture et des arts visuels à travers la prise de conscience de ses acteurs.