Monseigneur Benjamin Ndiaye à la messe d’enterrement de Bruno Diatta : «Nous lui sommes pleinement reconnaissants»

L’Eglise a été reconnaissante à l’endroit de son fils Bruno Diatta. Selon monseigneur Benjamin Ndiaye, le chef de Protocole de la Présidence a porté son identité chrétienne dans son travail. En priant pour le repos de son âme, elle lui a témoigné toute sa reconnaissance.
«Aucune Nation ne peut survivre sans mythe et aucune jeunesse ne peut s’épanouir sans idoles.» Cette citation de Yasmina Khadra serait un bel hommage à Bruno Diatta qui a réuni autour de sa dépouille toute la République. C’est sous des applaudissements nourris que sa dépouille est sortie hier de la cathédrale de Dakar, où les gens, étreints par la douleur, arrivaient à la supporter en revoyant le fil de sa vie. En ce début d’après-midi, l’autel de la cathédrale est orné de nombreux bouquets de fleurs au milieu desquels trône la photo du défunt. Les fidèles chrétiens lui ont ainsi témoigné leur marque de reconnaissance pour le service rendu à la Nation, mais surtout pour son témoignage chrétien au sein de l’Etat. Selon monseigneur Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, qui a célébré la messe d’enterrement du diplomate, «Bruno Diatta a porté son identité chrétienne dans son travail, jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat du Sénégal». Et c’est en ce sens que l’Eglise lui a témoigné toute sa reconnaissance. «Nous lui sommes pleinement reconnaissants pour la qualité de son témoignage», a ajouté l’archevêque de Dakar. Monseigneur Benjamin Ndiaye trouve aussi que «son exemple nous interpelle pour vivre et agir en disciple du Christ quand le seigneur nous envoie en mission» afin que, poursuit-il, «la qualité de nos engagements témoigne de notre identité chrétienne partout dans la fonction publique, dans le privé, dans la culture et dans nos divers engagements sociaux». Et c’est en ce sens que le guide de l’Eglise du Sénégal a invité les fidèles non seulement à prendre Bruno Diatta pour modèle, mais à ne pas perdre leur saveur chrétienne. «Ne perdons pas notre saveur chrétienne, car si le sel devient fade, il ne vaut plus rien. Notre saveur chrétienne doit demeurer le sceau de notre véritable encrage dans le Christ pour le servir dans le monde parmi les hommes», exhorte-t-il. En citant les paroles du Seigneur Jésus, Mgr Ndiaye déclare : «Jésus dit, vous êtes la lumière du monde, que votre lumière brille devant les hommes. Alors, en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à notre Père qui est au ciel.» Et «autant l’image du sel insiste plutôt sur une influence réelle, mais discrète dans une sorte d’enfouissement en profondeur, comme le levain dans la patte, autant le symbole de la lumière fait appel à la visibilité, à l’émergence et au rayonnement», rassure l’homme de Dieu aux fidèles.
D’après le prélat qui cite toujours le Christ, «on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. On la met sur le lampadaire». Ce qui pousse Benjamin Ndiaye à dire aux chrétiens, venus nombreux prier et accompagner Bruno Diatta à sa dernière demeure, de ne pas cacher leur identité chrétienne. «Ne mettons donc pas notre identité chrétienne entre parenthèse ! Ne nous cachons pas ! Vivons ce que nous sommes ! Soyons missionnaires dans le monde, pour le gagner au salut de Dieu», conseille-t-il en citant encore la page de l’évangile selon Saint Mathieu. «Nous relevons les deux images du sel et de la lumière que le Christ Jésus utilise pour nous enseigner l’exigence en témoignage édifiant. Le sel et la lumière sont deux images complémentaires. Vous êtes, dit Jésus, le sel de la terre. Le sel dont on utilise en se diluant dans les aliments, on ne le voit pas, mais on le sent. On le goûte, il est le symbole de l’alliance, de la sagesse et de l’incorruptibilité», dit-il. Et selon lui, «être chrétien, c’est donner le sel de Jésus Christ et de son évangile à ce que l’on fait à son milieu comme une présence». A l’en croire, «Bruno a été parmi nous et pour nous un don de Dieu à travers son travail qui est le testament exemplaire qu’il nous laisse». Au-delà de sa foi chrétienne, le chef de l’Eglise a salué son parcours professionnel au cœur de la République. Il dit : «En écoutant divers témoignages sur l’illustre disparu, j’ai compris combien Bruno a contribué à sa manière au raffermissement de notre tradition républicaine par la maîtrise de son travail, sa rigueur et son esprit d’organisation, pour que les choses se fassent dans l’ordre.»
En tout cas, ses enfants ont promis de garder intact son héritage. «Nous célébrons ton existence, nous célébrons ta vie, nous rendons grâce à Dieu en ce jour et humblement. Papa, nous te disons merci. Tu nous as transmis ton courage, ta dignité, ta fierté, ton honneur et nous te faisons la promesse que jamais nous ne te décevrons. Ton héritage est un trésor que, jalousement, nous préserverons. Tu es et resteras notre pilier, notre force, notre référence.» Figée dans la peine, la famille escorte la dépouille, couverte des couleurs nationales qu’il a servies avec honneur et discrétion, pour son enterrement au cimetière de Bel Air.
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