La liberté n’a été que de courte durée pour Pape Alé Niang. Le journaliste a été arrêté lundi une nouvelle fois, avant d’être placé sous mandat de dépôt hier après son audition devant le juge d’instruction, qui avait ordonné son arrestation dans la soirée du lundi.Par Dieynaba KANE –

Pape Alé Niang s’est réveillé ce matin en prison. Le journaliste, qui avait bénéficié d’une liberté provisoire il y a juste une semaine, a été arrêté à nouveau lundi dans la soirée. Hier, après une brève audition, Pape Alé Niang a été une nouvelle fois placé sous mandat de dépôt. Il est reproché au journaliste de n’avoir pas respecté les termes du contrôle judiciaire auquel il devait se soumettre. Dans un communiqué, le Parquet est revenu sur les raisons de la révocation du contrôle judiciaire dont bénéficiait Pape Alé Niang. Dans son document, le procureur de la République explique : «Les dernières sorties médiatiques de l’inculpé Pape Alé Niang, telles qu’il ressort des audios et vidéos joints à la procédure, caractérisent largement une violation des obligations prescrites, notamment celles qui lui faisaient défense de communiquer sous aucune forme sur les faits, objets des poursuites, dans la perspective de garantir l’intégrité de la procédure et de prévenir efficacement la réitération des faits.» Le procureur accuse aussi le journaliste, en plus d’avoir «contrevenu largement à ses obligations», d’avoir dirigé lors de ses lives sur YouTube, «des attaques injustifiées, aussi bien contre une autorité de la police que contre les enquêteurs traités clairement et sans aucune nuance de tortionnaires et de personnes inhumaines». De l’avis du Parquet, «ces actes s’inscrivent à l’évidence dans une perspective de réitération des faits tendant à diffuser de fausses nouvelles et à saper à coup sûr le moral des troupes».

Pour le patron du ministère public, «ces manquements ne résultent à l’analyse nullement d’un cas de force majeure, ni d’une erreur ou inadvertance, ni d’une négligence, mais plutôt d’une mauvaise volonté et d’une intention délibérée de se soustraire aux obligations attachées à son statut dont il avait pleinement connaissance, outre qu’elles consacrent». Selon le procureur, c’est «une posture de défiance qui porte hautement atteinte à l’autorité de la Justice, tournée en dérision par une forme de bravade, d’autant plus inacceptable qu’elle menace les piliers de l’Etat de Droit reposant en grande partie sur le respect des décisions de Justice». Autant de raisons qui l’ont poussé, dit-il, à le renvoyer en prison après seulement 5 jours de liberté.

Pape Alé Niang avait été arrêté le 6 novembre dernier, puis incarcéré, avant de bénéficier d’une liberté provisoire le 14 décembre dernier. Il avait dénoncé une détention «arbitraire» et entamé une grève de la faim. Le patron du site d’informations Dakar-Matin avait été placé sous mandat de dépôt pour diffusion d’informations militaires non autorisées par la hiérarchie, recel de documents administratifs et militaires et diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. Sa détention avait mobilisé les organisations de la profession qui dénonçaient une tentative de museler la presse. Pape Alé Niang avait observé une grève de la faim pendant une douzaine de jours. Ce qui avait fragilisé son état de santé et provoqué son admission dans une clinique à Dakar.

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