Dans le cadre de la promotion de l’éducation, l’Afrique fait face à de nombreux défis dont un déficit énorme de 15 millions d’enseignants à combler. Par Justin GOMIS –

 Le séminaire organisé par le programme «Apprendre» et dont l’objet était de présenter les résultats de son appel à projets de recherche, a été clôturé ce mercredi. Cette rencontre, qui a réuni des chercheurs et de nombreux acteurs du secteur éducatif, à savoir les secrétaires généraux des ministères en charge de l’Education des pays partenaires et les points focaux du programme, a permis de partager des ressources, des travaux, des outils en lien avec les parties prenantes telles que les ministères de l’Education, les universités, les instituts de recherche, les chercheurs. Une synergie d’action qui a permis de prendre quelques résolutions au terme de ce séminaire très instructif sur le système éducatif africain, en vue de plus se parler avec les partenaires du monde de la recherche et les décideurs. En fait, l’idée est de permettre à la recherche de trouver un débouché pour les décideurs politiques et faire en sorte qu’elle puisse s’en saisir pour proposer des améliorations et de nouveaux outils. Les acteurs du secteur de l’éducation ont aussi parlé d’éléments endogènes et exogènes. Le but est de partager, d’essayer de capitaliser sur tout ce qui est produit et contextualiser pour que ça serve à d’autres pays, à d’autres partenaires.

Autre volonté exprimée par les acteurs, c’est la formation des enseignants et le métier d’enseignant face à un monde qui change extrêmement vite, avec beaucoup d’enjeux. «On a parlé de la transition écologique, de la transition de l’Ia, de la transition numérique, de la transition climatique», a informé Aline Fournier, la coordinatrice du programme «Apprendre». Selon elle, ce sont des questions sur lesquelles il va falloir travailler de façon collégiale, partenariale entre les différentes parties prenantes. Et surtout par rapport à la formation des enseignants dont le besoin se fera de plus en plus sentir les années à venir. «On a aujourd’hui en Afrique subsaharienne, un déficit attendu d’ici à 2030 de 15 millions d’enseignants», a fait savoir la coordinatrice du programme
«Apprendre».

Pour Aline Fournier, «c’est énorme, c’est la population de certains pays, donc il y a un véritable enjeu qui est très complexe, parce que la question enseignante est multidimensionnelle. Il y a un enjeu à trouver des personnes qui accepteront de rentrer dans le métier d’enseignant, et cet enjeu est d’autant plus critique que l’enseignant a perdu en statut», a-t-elle indiqué. D’après Aline, c’est une question globale en Afrique. C’est pourquoi, pense la coordonnatrice du programme, «il y a un travail à faire pour rendre la profession attractive et faire que les enseignants, les jeunes s’y intéressent, parce qu’il n’y a pas d’âge pour devenir enseignant».

Dans les résolutions, le maintien de la motivation des enseignants est revenu comme un leitmotiv. Pour ce faire, les acteurs pensent qu’il faut travailler plus sur les aspects de la formation, de l’accompagnement, et «les aspects de package Rh qui peuvent être construits pour faire qu’on propose à l’enseignant pas juste d’être enseignant pendant 40 ans au même endroit, mais qu’il ait des opportunités d’évolution professionnelle, personnelle en termes de lieu, de poste, de responsabilité», a-t-elle ajouté. «Donc voilà, si on veut réussir à recruter ces 15 millions d’enseignants qui manquent dans les pays d’Afrique subsaharienne, c’est vraiment sur ces deux leviers-là qu’il faut agir : comment attirer les jeunes et les moins jeunes à devenir enseignants et comment les inviter à rester enseignant, à aimer leur métier», a-t-elle suggéré.

De l’avis de Ibrahima Thioub, ancien Recteur de l’Ucad, un enseignant doit avoir l’amour du métier et être disposé à faire des sacrifices pour l’éducation des enfants. Au regard de toutes ces difficultés soulevées par les études, Hamidou Diédhiou du Sels, qui s’est félicité de ces travaux, pense que «l’action éducative doit être accompagnée de données fiables, de thèses, d’hypothèses scientifiques, comme ça a été fait au cours de ces deux derniers jours».
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