Le management ne sera pas ce qu’il a été jusque-là. L’intelligence artificielle et les perspectives qu’elle offre poussent ainsi à le repenser. Demain sera le manager augmenté. Aujourd’hui doivent se préparer des programmes augmentés, pour préparer sa venue. Et parce que le management doit s’adapter à un futur déjà là. Par Moussa SECK –

Des stands autour d’une piscine. Des tenues en bleu et blanc, comme pour se marier à l’eau de la piscine. Des entreprises qui exposent, des étudiants qui visitent. Le Cercle mess des officiers ouvre ses portes, ce 12 octobre 2023, à l’Institut supérieur de management. L’Ism accueille : on lance officiellement le programme de Master, en en profitant pour mettre en contact entreprises et (futurs) demandeurs d’emploi. «Ism career day», troisième édition.
Pour l’institut fondé en 1992 et qui compte à son actif plus de 30 mille alumni, la tenue de cette journée est d’une importance capitale. M. Abdou Diouf de renseigner en ce sens : «La journée des carrières est un évènement annuel que nous organisons avec les partenaires entreprises et qui nous permet de faire une mise en relation entre les étudiants diplômés et sortants qui cherchent des opportunités et les entreprises qui cherchent des talents. Donc, nous consacrons une journée à cette activité-là en privilégiant un contact direct entre les deux parties.» Aux uns de saisir les talents. Aux autres de saisir les opportunités de stage et d’emploi. Ainsi le Directeur général du Groupe Ism explique-t-il le sens de l’évènement. Seulement, de 1992 à 2023, le monde a plus que changé. Mieux, dira M. Daniel Sarr, «depuis 70 ans, on a un rythme d’innovation vraiment important». Un rythme que la formation doit suivre pour ne pas être dépassée par le monde. Pour ne pas créer des diplômés dépassés par le monde du travail. Le monde changeant en permanence, nul n’est à l’abri aussi bien sur le plan personnel que professionnel, ainsi que rappelé par le Managing director d’Orbus Digital, Daniel Sarr. Ce dernier a animé une conférence sur le thème du management à l’ère de l’intelligence artificielle, pour marquer la rentrée solennelle des Masters. «Career day» et rentrée solennelle : journée double.

Un programme augmenté pour un manager augmenté
Dans le monde qui vient et qui est déjà là, ce seront «les managers qui utilisent l’intelligence artificielle pour être plus productifs, versus les managers qui travaillent comme avant. C’est ça qui va être la réalité». Et, selon ce qu’en analyse M. Sarr, l’arbitrage qui sera fait, c’est qu’«une entreprise va préférer un manager qui est très à l’aise avec les technologies de l’intelligence artificielle (…)» à celui travaillant de manière classique. Parce que, précisément, le premier fera le travail de trois. Daniel prophétise : le manager augmenté aura plus de chance de s’intégrer dans un monde caractérisé par l’incertitude. Toutes les subtilités évoquées dans la présentation de M. Sarr n’ont pas manqué de secouer l’assistance. «Maintenant que l’intelligence artificielle arrive, il va falloir qu’on s’adapte à ça !» C’est Onnella Ekotto qui s’est ainsi exprimée. L’étudiante en Master 2 avoue avoir été réticente envers toutes ces innovations, qu’elle sait pourtant apporter des changements majeurs dans les manières d’être et de faire. «Ce que tu fuyais est en train de te rattraper», est la réflexion qu’elle s’est faite. Elle, qui n’en demeure pas moins motivée à se réinventer. Se réinventer sans cesse, sans cesse apprendre… pour reprendre M. Daniel Sarr. A l’entendre, le manager du 21ème siècle s’assimile au jazzman : créatif, fulgurant, flexible. Le manager-chef d’orchestre symphonique s’éclipse avec son monde qui se noie dans les vagues «incontenables» de l’intelligence artificielle, et qui déferlent de partout.
L’institut dirigé par Abdou Diouf compte bien surfer sur les vagues. En écho au concept de manager augmenté esquissé par M. Daniel Sarr, le Dg du Groupe Ism annonce celui de programme augmenté. Car, «aujourd’hui, il est évident qu’on ne peut plus manager les hommes et les femmes dans nos organisations comme on les manageait il y a de cela quelques années». Prendre en compte la dimension digitale dans le travail de management s’avère alors nécessaire. Les équipes dirigées par M. Diouf ambitionnent ainsi de faire des jeunes étudiants, cadres et décideurs qui viennent vers elles des managers de leur époque. D’ailleurs, par anticipation, l’institut avait instauré un campus digital. Et le propos est d’intégrer les enseignements digitaux dans tous les parcours, que ça soit en management des ressources humaines, en Droit, en fiscalité… M. Diouf conclut en soulignant que l’offre en formation ne peut pas se permettre de stagner «sur des théories qui sont quasiment dépassées ou inadaptées».