Quand le ciel ouvre ses vannes, les sourires disparaissent des visages de certains résidents de plusieurs quartiers de Dakar. Les maisons sont inondées, les routes deviennent impraticables, les complaintes se multiplient. Pourtant, ce n’est pas partout le déluge. Dakar reçoit certes de la pluie ces derniers jours, mais ce n’est pas partout qu’il y a stagnation d’eau. Aussi, les travaux du Brt n’entravent-ils pas la circulation des eaux. Du moins, pas partout.

Par Moussa SECK, Justin Gomis et Abdou Latif MANSARAY : Les travaux du Brt tournent au ralenti depuis quelques temps. En banlieue dakaroise, notamment à Guédiawaye, cœur du projet, les fils d’embouteillages n’en finissent plus avec cette succession de pluies qui a rendu certains axes routiers impraticables. Face à cette situation, les chauffeurs de taxi, de clando et bus portent le masque. Car ils sont obligés de faire de longs détours pour trouver des voies praticables. Evidemment, la situation était prévisible car les autorités avaient prévenu que les travaux allaient avoir un impact sur le quotidien des populations lors de l’hivernage. «Les travaux nous causent d’énormes désagréments. Dans certains quartiers, les jeunes ont bloqué les routes aux automobilistes. Ce qui nous cause d’énormes difficultés. Depuis le lancement des travaux, nous vivons un calvaire», explique un chauffeur de clando, qui circule sur l’axe Hamo 6-Case bi. A cause de la pluie, les taximen et chauffeurs de clando ont haussé les tarifs au grand désespoir des voyageurs. «C’est dû aux routes qui sont impraticables depuis des mois», soutient Souleymane Diop, trouvé vers la station Hamo 6 dans l’attente d’un taxi.
A Guédiawaye, les gens n’ont pas la même vision des choses. Pour d’autres, il est normal que les travaux causent des désagréments. Mais, la ville va changer de visage. «Une fois les travaux terminés, tous ces soucis et lamentations seront conjugués au passé», rappelle Pape Guèye, vendeur d’accessoires de téléphones portables.

Gand-Yoff sous les eaux
Sur le tronçon Hyacinthe Thiandoum-Patte D’oie, les eaux obligent les chauffeurs à bifurquer à hauteur de la mairie, pour sortir vers l’hôpital Nabil Choucair. Les parties de la chaussée creusée à cause des travaux du Brt sont aussi remplies. «C’est à cause de ces travaux que nous sommes dans ces difficultés. On ne sait pas quand ils vont finir. Tous ces problèmes découlent de la lenteur des travaux. Voici deux hivernages. Je crains même qu’un troisième hivernage trouve ces travaux ici», se plaint Abdourahmane Sène, habitant Grand-Médine. Lui ne croit pas que la fin des travaux résoudrait ce calvaire annuel. «Est-ce que la fin de ces travaux réglera le problème ?», s’interroge Mamadou Niang. Pour lui, de tels travaux auraient dû être accomplis depuis plusieurs années. «Aujourd’hui, on devait être à un autre niveau, comme aider les entreprises à créer des emplois.
Malheureusement, quand un homme arrive au pouvoir, il vient avec son programme pour, à la fin, faire un bilan. C’est dommage», dit-il.

Ici, ça ruisselle et ça circule
Evidemment, il y a les complaintes des usagers et du voisinage. Pourtant, ce n’est pas le déluge partout. L’eau ruisselle abondamment. L’humidité des rues témoigne de l’importance de la quantité d’eau qui s’abat sur Dakar depuis vendredi. Ça ruisselle, mais ce n’est pas le chaos. La preuve ? A la rue 10, à quelques pas de Grand-Dakar, des enfants jouent au football. Sur la route qui descend et mène vers le Lycée Blaise Diagne et l’Ecole nationale d’administration (Ena), rien de catastrophique. Enfants, jeunes et d’autres d’âge plus avancé circulent sans entrave. On soulève par-ci un pagne, par-là on redouble d’efforts pour réussir une enjambée… Normal, pour une artère où la pluie continue de tomber. Ladite artère est pourtant en travaux. C’est l’un des axes du Brt. Seulement, ces travaux routiers n’entraînent visiblement pas l’apocalypse constatée ailleurs. Sur la route allant de la rue 10 à l’Ena, seules les petites digues creusées dans le cadre des travaux du Brt ont pris l’eau. Autrement, piétons, motards et conducteurs de voitures circulent sans grande difficulté. Bien sûr, il faudra éviter telle flaque, soulever un peu le bas de son pantalon pour éviter soit de se mouiller, soit de stagner. Hormis cela, ça circule. Ça circule donc ! Un couac ? La route qui longe la Zone A pour déboucher sur l’Ena est bouchée. A son extrémité, un barrage indique qu’on ne peut plus progresser. A cet endroit précis qui fait face à l’Ena, des engins se dressent. Près desquels se tiennent des hommes en tenue de travail. Ceci oblige ainsi les conducteurs à faire un tour près du jardin de la Zone, afin d’éviter l’obstacle. La portion de route qui reliait la Zone A au point est en effet coupée à ce niveau pour cause de travaux. Dans plusieurs zones, les ouvriers restent à pied d’œuvre et observent le ciel qui a ouvert ses vannes pendant trois jours. «Nous nous arrêtons quand il pleut. Mais quand la pluie s’arrête, nous reprenons les travaux jusqu’à l’heure de la descente», explique un ouvrier dans un vacarme causé par des groupes électrogènes. Ils sont en train de percer le goudron afin d’implanter des poteaux le long de la chaussée. Ils sont tous lancés dans une course contre la montre. Lors du lancement des travaux du Brt le 19 octobre dernier, Macky Sall avait fixé à l’entreprise, un délai de 30 mois. Il avait demandé qu’il soit réduit à 25…
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