Poursuivi pour assassinat, tentative d’assassinat, actes de torture, détention d’arme de 5e catégorie, l’accusé Samba Sow encourt la perpétuité. Pour se disculper, il a accusé sa tante Fatoumata Sow et le questeur Awa Niang d’être les commanditaires du crime

Le représentant du Parquet n’a pas été tendre avec l’accusé Samba Sow, poursuivi pour l’assassinat de la vice-présidente du Cese, Fatou Maktar Ndiaye. Le parquetier n’a pas hésité à dire que Sow «mérite la chaise électrique, la pendaison à mort et la guillotine». Selon le maître des poursuites, l’accusé n’a pas sa place dans la société, il est un danger pour celle-ci. C’est pourquoi il a requis à son encontre les travaux forcés à perpétuité et a demandé de disqualifier les faits de l’assassinat en tentative de vol avec usage d’arme et violence ayant entraîné la mort. Selon lui, les faits sont nés d’un vol qui a tourné au drame. «Par la suite, il a eu l’idée d’éliminer Adama du fait que celui-ci a reconnu sa voix. L’unique peine c’est la perpétuité. Cette peine est largement suffisante au vu des faits», estime le maître des poursuites qui regrette la suppression de la peine de mort. «Il n’a manifesté aucun regret, aucun repenti. Il y a eu une barbarie inexplicable dans cette affaire. L’accusé mérite la pendaison, l’électrique et la guillotine. Il est un danger pour la société», dit-il
Comparaissant hier devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Dakar pour «assassinat, tentative d’assassinat avec actes de tortures, détention d’arme de 5ème catégorie, tentative de vol avec usage d’arme», l’accusé a nié avoir tué sa patronne. Cependant, il a reconnu lui avoir administré un coup à la cuisse. De même, il a reconnu aussi avoir donné des coups de couteau à Adama Ba. Mais selon lui, c’est le marabout qui a tué Fatoumata Maktar Ndiaye. Et c’est suite aux instructions de sa tante Fatou Sow et du questeur Awa Niang.
«Elles ont envoyé un marabout pour tuer la dame Fatoumata Maktar Ndiaye», accuse-t-il. D’après toujours Sow, il a été ensorcelé par ledit marabout. «Le 18 décembre 2016, le marabout m’a donné du lait à trois reprises. La première fois, c’est à la station Shell de Pikine. La deuxième fois, il est revenu à 19 heures, il m’a ensorcelé.»
«Quand je l’ai (le lait) pris, je n’étais plus en possession de mes moyens et je suivais tous ses ordres. Je l’ai accompagné chez Maïmouna Baldé, Abdoulaye Thimbo et Seynabou Guèye. Je l’ai amené chez Abdoulaye Thimbo. Puis, il m’a dit de l’amener chez Fatoumata Maktar Ndiaye», a-t-il expliqué. Avant de réfuter toutes les accusations contenues dans le procès-verbal et l’ordonnance de renvoi.
Ces accusations ont été battues en brèche par la partie civile Adama Ba. «Je me suis réveillé. Je devais faire des courses. J’ai entendu un bruit assourdissant. Comme quelqu’un qu’on étouffait. Je me suis avancé vers la porte. Quand j’ai essayé d’ouvrir, quelqu’un l’a fermée de l’intérieur. J’ai appelé ma maman, mais elle ne répondait pas. J’ai fait un tour vers la fenêtre pour l’appeler, j’ai entendu une voix d’homme. Je croyais au départ que c’était celle de ma mère, mais c’était celle d’un homme. Mais quand je suis venu jusqu’à la hauteur du couloir, Samba m’a appelé pour me demander de dire à Bolo d’appeler la police.» «Quand il est sorti, il a crié mon nom. Je l’ai insulté. Je me suis saisi d’un bâton que je lui ai frappé. Je voulais le désarmer afin de voir ce qui est arrivé à ma mère. Je tenais le couteau par le tranchant. C’est ainsi qu’il a réussi à trancher mes tendons fléchisseurs», a expliqué le fils de la défunte, selon qui il voulait l’éliminer.
A l’exception de sa cousine Ndèye Fatou Sarr qui a témoigné en sa faveur, les autres ont tous témoigné contre lui.

La partie civile réclame 500 millions
L’avocat de la partie civile, Me Boubacar Dramé, pense que la manière dont la défunte a été tuée est ignoble. «C’est une pure barbarie qui est impardonnable. L’accusé connaissait le programme de la maison, car elle appelait Fatoumata Ndiaye ‘’maman’’. Il a prémédité son acte, car il avait l’intention de voler. Pris la main dans le sac, il a tué sa patronne. Il a créé un environnement imaginaire dans sa tête de même que ces personnages fictifs, mais il y restera tout seul. On ne saurait ce qui l’a motivé à faire ces agissements. Pis, il n’a pas montré un sentiment de regret durant toute l’audience, car il ne faisait que sourire comme si on était dans une fête jovial», plaide l’avocat. Son confrère Me Abdou Dialy Kane, qui estime aussi que les faits en l’espèce sont incorruptibles, a réclamé 500 millions de francs Cfa.
La défense, quant à elle, a plaidé la clémence. L’affaire sera vidée le 21 janvier prochain.