La ville de Saint-Louis a vécu l’une de ses pires journées depuis les derniers événements de Guet-Ndar il y a quelques mois. Des étudiants, élèves et autres manifestations essentiellement des jeunes ont plongé la ville dans le chaos. Ils ont, pendant plusieurs heures, saccagé tout sur leur passage, brûlé des pneus et affronté les forces de l’ordre pour réclamer la libération d’Ousmane Sonko. 

La capitale du Nord a connu hier des moments de violences suite à l’arrestation du président de Pastef, Ousmane Sonko. Tout a commencé hier matin lorsque des élèves des différents lycées et collèges de Saint-Louis ont arrêté spontanément les cours pour se rassembler devant le pont Faidherbe, pourtant surveillé régulièrement par la police. Ils auraient été rejoints par des étudiants qui auraient quitté l’université Gaston Berger où ils animent un «front» depuis deux jours. L’immense marée humaine, qui s’est formée, a ensuite affronté la police pendant plusieurs heures par des jets de pierres. La police qui, apparemment voulait éviter que les manifestants traversent le pont pour rallier le centre-ville, a fait usage de grenades lacrymogènes pour les repousser. Les manifestants qui réclamaient la libération d’Ousmane Sonko ont transformé l’entrée du pont en champ de bataille.
A la rue de Paris, située à moins d’un kilomètre environ, ils pnt pris à partie un véhicule du commandement de la police, qui a perdu un de ses pneus dans sa tentative de repli, avant de l’incendier.  Les six policiers et un agent sécurité  de proximité ont dû abandonner le véhicule pour se réfugier dans un immeuble pour échapper aux jeunes manifestants.
Face à la détermination de la police, les manifestants, qui se sont éclatés en plusieurs groupes, ont saccagé plusieurs bâtiments dans différents quartiers. C’est le cas du siège de l’Alliance pour la république (Apr) complément saccagé, tout le mobilier détruit, une station d’essence vandalisée à Pikine ainsi que la maison familiale de la première dame, à Ndiolofene, qui a reçu la visite des manifestants, qui ont été cependant repoussés par des jeunes du quartier avant que la police n’intervienne. Une dizaine personnes a été d’ailleurs arrêtée dans ces affrontements qui se sont poursuivis pendant plusieurs heures dans les quartiers où les jeunes ont brûlé des pneus un peu partout.
La tension était également vive à l’université Gaston Berger où depuis 48 heures, les étudiants manifestent et affrontent les Forces de l’ordre pour réclamer la libération d’Ousmane Sonko et de tous les autres détenus dont leurs camarades de l’Ucad. Là-bas, dans le campus, tout comme sur la route nationale plusieurs dizaines d’étudiants très déterminés dictent leur loi depuis mercredi date de l’arrestation de Sonko. A l’aide de pierres, ils défient depuis lors la gendarmerie nationale et brûlent des pneus sur la route nationale qu’ils ont bloquée par intermittence.
Les interventions des hommes en bleu n’ont pas pu les détourner de leur objectif qui, d’après un de leurs porte-parole Amadou Badji, qui s’exprimait mercredi au nom du front de résistance des étudiants, est de manifester leur mécontentement face à la situation du pays. «Nous savons que le Sénégal est à la croisée des chemins parce que nous avons un Etat monarchique qui est en train de bousiller la démocratie et en tant qu’étudiants nous n’allons pas nous laisser faire», déclare-t-il, devant ses camarades surexcités.
Ces étudiants qui ne comprennent pas «pourquoi l’Etat veut empêcher les citoyens d’exercer leur droits et libertés, notamment celles de manifester considèrent qu’Ousmane Sonko est victime d’un complot et doit être libéré dans les meilleurs délais».
D’ailleurs souligne le porte-parole des étudiants, les manifestations continueront tant que Sonko restera en détention mais également leurs camarades de l’Ucad ainsi que tous les autres «détenus».
Jusque-là, ce sont les usagers de la route nationale parmi lesquels les voyageurs en partance vers le Walo ou ceux qui quittent cette zone pour revenir à Saint-Louis, qui payent les pots cassés dans cette affaire. Car la circulation y est très perturbée depuis deux jours. Les riverains sont aussi victimes avec tous les désagréments causés par les grenades lacrymogènes.