Le verdict est tombé ce jeudi 3 novembre 2022, dans l’affaire opposant l’usine Touba Protéine Marine (ex-Barna Sénégal) au Collectif pour la défense des intérêts de Cayar. Le mouvement «Taxawu Cayar», débouté par le Tribunal de grande instance de Thiès, accuse l’usine de production de farine et d’huile de poisson, Touba Protéine Marine, d’«avoir enfreint, à plusieurs reprises, le Code de l’environnement du Sénégal».

Par Cheikh CAMARA – Le Tribunal de grande instance de Thiès a rendu sa décision estimant, selon Me Boubacar Cissé, avocat du Directeur général de Touba Proteine Marine (Tpm), El Hadji Babacar Diallo, que «les demandes formulées par l’Association pour la défense des intérêts de Cayar sont mal fondées. Il les a tout simplement déboutés de toutes leurs demandes comme étant mal fondées». Face aux populations qui ont décidé de ne pas s’en arrêter là et comptent interjeter appel, Me Cissé précise : «Elles ont très peu de chance qu’une décision intervienne même en appel. Parce que le dossier qu’elles ont produit est manifestement extrêmement léger. Car on ne peut pas accuser une entreprise de polluer l’air et l’environnement et vouloir, sur la base de faits qui frisent le ridicule, vaincre.» C’est pourquoi, poursuit l’avocat de l’entreprise Touba Protéine Marine, «le juge n’est pas tombé dans leur piège malgré cette campagne médiatique de diabolisation. Le juge a fait preuve de sérénité». Pour rappel, après une série de manifestations sous l’égide du collectif «Taxawu Cayar» contre l’usine de farine de poisson Touba Protéine Marine (Barna Sénégal), accusant «celle-ci de polluer notre terre, notre air et notre eau, et détruit nos moyens de subsistance», les populations protestataires avaient déposé une assignation au Tribunal de grande instance de Thiès pour demander une injonction qui fermera temporairement cette entreprise. Selon elles, «l’usine avait violé le droit de la communauté à un environnement sain en polluant l’air de la ville et sa source d’eau potable».

Toutefois, face au verdict du Tribunal en faveur de l’unité de production de farine de poisson, les populations protestataires, par la voix de Mor Mbengue, comptent interjeter appel et aller jusqu’au bout de leur logique, dans l’espoir d’avoir gain de cause. Elles invitent le juge à «venir faire le constat lui-même». Le Collectif pour la défense des intérêts de Cayar pense que «le combat ne fait que commencer». Un de ses membres, Mor Mbengue, se veut catégorique : «Nous allons continuer le combat jusqu’au bout. Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre. Le combat ne fait que commencer. Cette décision de Justice nous a surpris. Mais cela ne nous effraie pas. Nous allons poursuivre le combat au prix de notre vie, même si on n’en est pas encore arrivés à ce stade. Nous allons nous réunir pour élaborer un autre plan d’actions.» Selon lui, «beaucoup de populations sont confrontées aux mêmes problèmes, mais ont préféré croiser les bras par peur de représailles et par manque de soutien». Aussi de penser que «cette première étape peut être considérée comme une victoire, car au Sénégal, on ne compte plus les usines qui ne respectent pas les normes environnementales et personne ne se dresse contre elles. Nous avons saisi la Justice lorsqu’on a senti que nos vies sont en danger. Nous sommes sûrs et certains que nous gagnerons ce combat et bouterons hors de notre commune cette usine. Ce n’est qu’une question de temps». Il ne manque pas d’inviter la population de Cayar à la «sérénité, car nous sommes des légalistes. La Justice a pris, aujourd’hui, une décision que nous respectons. Mais nous allons poursuivre le combat tout en respectant la procédure normale».
Correspondant