L’arrestation de l’activiste Bah Diakhaté irrite des responsables apéristes, qui lui expriment soutien et solidarité, et parlent de «distraction» et de «tentative d’intimidation» de la part du régime.

Par Justin GOMIS  – Depuis son arrestation pour «offense au Premier ministre», Bah Diakhaté n’est pas seul dans sa cause. Il a bénéficié des soutiens, surtout des responsables politiques de l’opposition. L’ancien ministre des Forces armées et maire apériste de la commune de Thiadiaye, Omar Youm, qui lui a manifesté son soutien sur sa page Facebook, pense que le pouvoir en place est en train de délirer. Ce qui l’amène à demander aux nouvelles autorités «d’arrêter de nous ridiculiser». L’ancien président du Groupe parlementaire de Benno  bokk yaakaar (Bby) est revenu sur leur position par rapport à la question de l’homosexualité, qui alimente présentement les débats depuis la déclaration de Jean-Luc Mélenchon, député et président du parti La France insoumise (Lfi), et la réponse ambiguë de Ousmane Sonko. «J’avais dit, du haut de la tribune de l’Assemblée, que notre majorité n’entendait pas dépénaliser l’homosexualité. Chose faite !», rappelle-t-il.

S’adressant à l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, il lui demande d’honorer sa parole quand il était dans l’opposition. «A celui qui avait promis fermement de criminaliser l’homosexualité, de passer aux actes», déclare Omar Youm, dans l’espoir que «cette proposition ressortira, très clairement, de sa Déclaration de politique générale (Dpg)».

L’actuel maire de Thiadiaye n’est pas le seul à jeter la pierre dans le jardin de Sonko et à témoigner son soutien à Bah Diakhaté. L’occasion faisant le larron, ces responsables de l’Apr trouvent une belle opportunité pour rendre à Sonko dont l’opposition a beaucoup contribué à la chute de leur régime, la monnaie de sa pièce. Selon Abdou Mbow, c’est une «tentative d’intimidation de la part du régime actuel qui ne passera pas». D’ailleurs, il ne partage pas l’accusation d’«offense au Premier ministre». D’après l’actuel président du Groupe parlementaire Bby à l’Assemblée nationale, cette  in­fraction «n’existe pas dans le Code pénal sénégalais».

Pour rappel, c’est Jean-Luc Mélenchon, président du parti politique français Lfi, qui a soulevé ce débat sur la question de l’homosexualité, lors de la conférence qu’il avait co-animée avec Ousmane Sonko à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

En réponse à cette question soulevée par le leader de La France insoumise, Ousmane Sonko a dit que cette thématique risquait d’être le «casus belli» des relations entre l’Occident et des pays comme le Sénégal. Il avait même soutenu que l’homosexualité était «tolérée» sous nos tropiques.

Des propos qui n’ont pas laissé indifférentes les autorités politiques de l’opposition, notamment la Société civile. Bah Diakhaté, un activiste proche de l’ancien régime de Macky Sall, n’y est pas allé d’une bouche fine. Et pour des propos jugés outrageants à l’endroit du Premier ministre Ousmane Sonko et du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, il a été cueilli par la Division des investigations criminelles. Suite à son interpellation, une marche de protestation à laquelle certains responsables politiques de l’Apr comme Abdou Mbow, président du Groupe parlementaire Bby, l’ancien porte-parole du gouvernement Seydou Guèye, l’ancien ministre Pape Malick Ndour, l’ancien député Moustapha Diakhaté et Fouta Tampi, ont pris part, a été improvisée. Tous étaient réunis devant les locaux de la Dic. Avant d’être dispersés par la police à coups de grenades lacrymogènes.
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