PORTRAIT – L’ancien maire de Saint-Louis enterré hier : Abdoulaye Diaw Chimère, un homme sans «commune» mesure
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L’ancien maire de Saint-Louis Abdoulaye Diaw Chimère, décédé à l’âge de 98 ans, a été inhumé hier à Thiaka Ndiaye. Saint-Louis a encore perdu l’une de ses grandes figures.
Décédé jeudi à Dakar, Abdoulaye Diaw Chimère, maire de Saint-Louis de 1984 à 2001, a été enterré hier au cimetière Thiaka Ndiaye de Guet-Ndar. Plongeant la ville dans un deuil profond. Bien sûr, il faisait partie des emblèmes de Ndar.
Né à Saint-Louis le 23 octobre 1922, il a eu un parcours atypique. D’abord fonctionnaire en Guinée où il a travaillé après avoir fini ses études, il rentre au Sénégal où il fut l’un des premiers inspecteurs des Impôts. Premier député-maire de Saint-Louis, il dirige le Conseil municipal dont il fut le président avant d’occuper le poste de maire. La vieille ville, qui lui a rendu un grand hommage, perd encore une grande figure qui a marqué de son empreinte la commune de Saint-Louis qu’il a dirigée pendant 17 ans. Son passage à la tête de la mairie a été très remarqué et très bien apprécié pas ses concitoyens.
Soucieux du développement de l’ancienne capitale du Sénégal délaissée au profit de Dakar, il était à la base de la création du comité de rénovation de Saint-Louis et des Assises de la ville qui ont permis de réfléchir sur les stratégies à mettre en œuvre pour la développer. Après sa retraite, il avait aussi beaucoup contribué à la rénovation de la grande mosquée. Sur le plan administratif, il avait réussi à mettre en place une administration moderne et créé l’Agence de développement communal (Adc) qui appuie la commune dans l’élaboration de ses politiques de développement. L’installation des premiers conseils de quartier sont également à son actif.
Diaw Chimère, comme on l’appelait, a, en plus de ses différentes réalisations, réussi à faire rayonner Saint-Louis sur le plan international en tissant un vaste réseau de partenariats avec d’autres communes françaises dans le cadre de la coopération décentralisée. Il parvint d’ailleurs en 2001 à faire inscrire l’île de Saint-Louis dans le patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette longévité à la tête de la mairie sera stoppée en 2001. Il sera remplacé par Cheikh Seck, installé à la faveur des délégations spéciales mises en place par le Président Abdoulaye Wade, après la chute du régime socialiste. Il ne se représenta pas aux élections municipales de 2002, remportées par Ousmane Masseck Ndiaye. Grand Saint-louisien, «aux valeurs légendaires d’humilité et de simplicité», Abdoulaye Diaw Chimère, qui était l’une des plus grandes personnalités politiques de la ville tricentenaire, était aussi et surtout connu pour sa générosité légendaire et son sens élevé de l’humanisme. Sur le plan social, il avait marqué son époque grâce à ses nombreuses actions en faveur des couches vulnérables et défavorisées. De son vivant, il avait été élevé à la dignité de Grand officier par le Président Wade et avait été honoré par son successeur élu à la mairie feu Ousmane Masseck Ndiaye. Lequel avait rebaptisé la rue Flamand où se trouve son domicile dans le quartier nord en son nom. Hier, ses anciens administrés lui ont rendu un dernier hommage, malgré le contexte du Covid-19.
Hommages unanimes
Cheikh Bamba Dièye, qui a été aussi son lointain successeur, ne tarit pas d’éloges à son égard : «Un maire brillant et un technocrate qui a eu une vie remplie au service du Sénégal et de sa ville natale, qui a marqué de son empreinte la ville de Saint-Louis à travers une expertise mondialement reconnue. Sous son magistère, Saint-Louis a connu un rayonnement international jamais égalé dont le point culminant a été l’inscription de l’île de Saint-Louis et ses zones tampons sur la liste prestigieuse du patrimoine mondial de l’Unesco.»
Candidat déclaré à la mairie de Saint-Louis, Pr Marie Teuw Niane salue sur sa page Facebook la mémoire «d’un grand Saint-louisien de naissance, de cœur et de raison, qui fut un concentré des valeurs humaines fortes dont tout Saint-louisien s’enorgueillit : dignité, convivialité, générosité, élégance, humilité, culture islamique et technocratique». «Chagriné» par cette perte, Mansour Faye s’incline devant la mémoire du «père du renouveau de la ville de Saint-Louis, le précurseur de sa coopération internationale, de la dynamique citoyenne et de la gestion participative municipale. Je viens de perdre un papa, un doyen, une référence et une boussole. Il aura su garder intactes sa générosité et sa grandeur légendaire qui ont fait de lui un homme multidimensionnel, moulé dans un voile d’humilité, de sagesse et de respect à autrui».