Rapport – La Fao sur la situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires d’Afrique subsaharienne : «Elles sont toujours cantonnées à des rôles liés au travail domestique et reproductif»

Les inégalités de genre sont toujours prégnantes en Afrique subsaharienne, même dans les systèmes agroalimentaires. Dans un rapport, la Fao l’a révélé, regrettant toujours la «tendance à cantonner les femmes à des rôles liés au travail domestique et reproductif». Par Dieynaba KANE –
Les inégalités de genre dans les systèmes agroalimentaires persistent encore en Afrique subsaharienne. La Fao, qui a publié un rapport sur cette question, révèle qu’environ «trois femmes sur quatre (76 pour cent) travaillent dans les systèmes agroalimentaires», et elles ne «représentent que 49 pour cent de la main-d’œuvre de ce secteur». D’après les auteurs du document, «alors que les femmes représentent près des trois quarts (73 pour cent) de la main-d’œuvre dans la transformation et les services alimentaires, elles ne sont que 3 pour cent dans le secteur du transport». Ce qui, selon eux, «illustre la tendance à cantonner les femmes à des rôles liés au travail domestique et reproductif». Il est aussi noté que «plus de 90 pour cent des femmes employées dans la région travaillent dans le secteur informel». «Leur travail reste largement non reconnu et sous-évalué, ce qui limite leur visibilité et leur influence», regrettent-ils. Partant des résultats de ce rapport, Abebe Haile-Gabriel, sous-directeur général de la Fao et représentant régional pour l’Afrique, souligne que «les systèmes agroalimentaires en Afrique subsaharienne reposent sur le travail informel, domestique et de subsistance des femmes». Pour lui, «des investissements et des politiques incitatives sont nécessaires pour créer davantage d’emplois formels et rémunérés pour les femmes, et les programmes de protection sociale doivent être étendus pour protéger leurs moyens de subsistance». En outre, l’organe onusien fait savoir dans son document que «dans 28 des 33 pays d’Afrique subsaharienne pour lesquels des données sur la propriété foncière agricole sont disponibles, les hommes sont plus susceptibles que les femmes de posséder des terres ou de détenir des droits fonciers sécurisés». Des obstacles systémiques qui, selon les auteurs du rapport, «limitent l’accès des femmes non seulement à la terre, mais aussi à l’eau et aux forêts, ressources indispensables à leur bien-être et à celui de leur famille».
Relevant qu’en Afrique subsaharienne, «les femmes sont reconnues comme dépositaires de la culture, des savoirs et de la cohésion sociale au sein des systèmes agroalimentaires», ils soutiennent que cela suggère «qu’un investissement accru dans l’autonomisation des femmes peut renforcer la justice sociale et stimuler le développement inclusif, la sécurité alimentaire et la résilience climatique». Pour la Fao, «garantir les droits des femmes africaines aux ressources naturelles et à la restauration écologique est également essentiel pour parvenir à l’égalité des genres, accroître leur pouvoir d’action et leurs opportunités économiques, et renforcer leur résilience face aux chocs climatiques, environnementaux, sanitaires et économiques». Dans le même rapport, il est indiqué que «la région a connu une forte augmentation de l’insécurité alimentaire au cours de la dernière décennie». «Selon les données les plus récentes, environ 64 pour cent de la population ont connu une insécurité alimentaire modérée ou sévère en 2024, avec 11, 2 millions de femmes de plus que d’hommes touchées. Près de 40 pour cent des femmes âgées de 15 à 49 ans en Afrique subsaharienne souffrent d’anémie. De plus, de nombreuses femmes de la région sont exposées à de graves risques pour la santé au travail dans les systèmes agroalimentaires, et les violences basées sur le genre sont répandues», informe la Fao dans son rapport. Toutefois, malgré ces inégalités, des améliorations sont notées avec les systèmes agroalimentaires, où «l’emploi des femmes dans les segments hors exploitation agricole tels que la production, la transformation, la distribution, la consommation et l’emballage, est en augmentation dans la région, passant de 21 pour cent en 2005 à 29 pour cent en 2022». Ce qui a été souligné par Dre Lora Forsythe, professeure associée en genre, inégalités et systèmes alimentaires au Nri, citée dans le document. Elle déclare : «Des changements positifs existent déjà en Afrique subsaharienne pour lutter directement contre les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes de la région, tels que l’action collective en faveur des droits fonciers des femmes, la lutte contre les violences basées sur le genre, et le leadership dans les mouvements agroécologiques et la gouvernance des ressources naturelles. Bien qu’il reste encore un long chemin à parcourir, ces changements peuvent améliorer les moyens de subsistance et le bien-être des femmes, et garantir que leurs priorités soient davantage prises en compte dans la prise de décision.»
Il faut préciser que «ces chiffres ont été présentés dans l’aperçu du rapport «La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires d’Afrique subsaharienne», publié en anglais par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), le Natural Resources Institute de l’Université de Greenwich (Nri) et African women in agricultural research and development (Award) lors du Forum Africa food systems à Dakar, Sénégal».
dkane@lequotidien.sn