Présidant la cérémonie officielle de réception d’une ambulance, des denrées alimentaires et d’une enveloppe de 25 millions de F Cfa, offerts par l’homme d’affaires Ameth Amar, patron du groupe Nma Sanders, le khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy «Mansour», a fait un plaidoyer en faveur de l’hôpital El Hadji Abdou Aziz «Da­bakh» de Tivaouane, confronté à de sérieux problèmes de fonctionnement, devant le ministre de la Santé et de l’action sociale Abdoulaye Diouf Sarr.

Par Ndèye Fatou NIANG
Correspondante

Tel un médecin au chevet d’un patient, le khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy «Mansour», diagnostique les symptômes de l’hôpital El Hadji Abdou Aziz Sy «Dabakh» de Tivaouane. Selon la radioscopie du religieux, «si l’hôpital était une personne, on dirait qu’elle est aujourd’hui paralysée». Il est plus malade que ses patients, d’après le Khalife, qui indique que le personnel de la structure sanitaire est fatigué à tous points de vue. «L’établissement de santé a besoin non pas de promesses, mais de solutions urgentes. Nous avons reçu des promesses dont nous attendons toujours la réalisation. Nous comprenons que cela puisse prendre du temps, mais si cela tarde trop, il pourrait y avoir des conséquences qui peuvent toucher directement les patients», a déclaré Serigne Mbaye Sy «Mansour» au cours de la cérémonie officielle de réception d’une ambulance, des denrées alimentaires et d’une enveloppe de 25 millions de francs Cfa, offerts par l’homme d’affaires Ameth Amar, patron du groupe Nouvelle minoterie africaine (Nma) Sanders, présidée par le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr.

«L’hôpital ploie sous le poids de la dette»
Il insiste : «L’hôpital a besoin d’une assistance. On va vers le Maouloud au mois de novembre. Si les problèmes liés à l’organisation de cette cérémonie religieuse sont cumulés à ceux-ci, ça risque d’être trop compliqué.» Le khalife cite les difficultés : «Depuis le rappel à Dieu de l’ophtalmologue, il n’y a personne pour le remplacer. Ce qui est un dysfonctionnement. Il y a aussi un déficit criard de spécialistes. Certains services ne sont pas gérés par des Professeurs agrégés. Du coup, les patients qui ont besoin de ces spécialistes n’ont personne pour les prendre en charge.» Il informe que «l’hôpital ploie sous le poids de la dette». Pis, s’offusque-t-il, «il est sale. Il n’y a pas de médicaments. Des travailleurs s’y tuent à la tâche, mais à la fin du mois, ils n’ont rien à amener à la maison. Ils étaient même en grève ces derniers temps. Nous avons fait une intervention pour leur faire savoir que l’hôpital nous appartient tous. La situation s’est apaisée par la suite». Bref, conclut le marabout, «je voulais étaler toutes les difficultés de l’hôpital ici aujourd’hui, mais on m’en a dissuadé. C’est pourquoi, M. le ministre, je vous remets ce mémorandum dans lequel tous les problèmes sont consignés».
Auparavant, la directrice de l’établissement sanitaire de niveau 1, Dr Binta Diop Badiane, a indiqué qu’«entre l’année dernière et cette année, les difficultés sont nombreuses. Nous n’avons que deux ambulances fonctionnelles qui, en plus de l’évacuation des malades, sont utilisées pour d’autres services parce qu’il n’y a qu’elles comme moyens de locomotion dans cet hôpital. Les dettes nous as­saillent. Le personnel man­que. Les services comme l’orthopédie et l’ophtalmologie sont fermés, faute de spécialistes. La subvention annuelle de 79 millions de francs Cfa d’un établissement de niveau 1 que nous recevons est trop faible par rapport aux charges de l’hôpital qui mérite d’être relevé au niveau 2».

«200 millions promis à la structure de santé pour
des travaux»
A sa suite, le ministre de la Santé et de l’action sociale a tenu à rassurer le khalife général des Tidianes et le personnel de l’hôpital. Abdoulaye Diouf Sarr assure : «Une subvention spéciale de 200 millions de francs Cfa promise à la structure de santé pour des travaux est déjà dans le compte de l’Agence d’exécution des travaux d’intérêt publics (Agetip). Nous sommes sur les procédures de choix, après appel d’offres, de l’entreprise qui doit exécuter le marché. Les travaux vont démarrer au mois d’octobre».
«Nous avons commandé 4 scanners. Les deux arrivent au courant du mois d’octobre. L’un est pour l’hôpital de Fatick et l’autre pour l’hôpital de Tivaouane», renseigne le ministre qui ne manquera de signaler que le dossier du relèvement de l’hôpital au niveau 2 «est très en avance». Il dit : «J’ai demandé à mon conseiller technique d’y travailler pour que cela soit effectif dès cette année, pour que vous puissiez bénéficier d’une subvention conséquente l’année prochaine. Les hôpitaux Abdou Aziz Sy Dabakh et Youssou Mbargane Diop de Rufisque connaissent des dysfonctionnements structurels au plan financier. Ce n’est pas une question de conjoncture. Tous les efforts qui y seront consentis seront vains tant qu’on ne relève pas le niveau de ces deux structures sanitaires.»
nfniang@lequotidien.sn